La
douce lumière du soir illuminait le ciel nuageux et étalait ses
couleurs éphémères . Le clair de lune s'épanouit en une symphonie
de lumière . Ses rayons magiques guident la marche subtile de l'âme sur
le long chemin qui relie les deux portes .Le charme pittoresque des
lieux est envoûtant .
L'enfant se retourna et dit à son compagnon qui contemplait sa longue méditation sur le sable :
- J’ai toujours aimé la mer. On s’arrête sur le sable . On entend
le bruit des vagues . « Et cependant quelque chose rayonne en silence… »
- Petit compagnon , dit l'homme , « Ce qui embellit la mer,
c’est qu’elle cache un mystère quelque part ... Ce qui fait la beauté
des choses est invisible... dans le silence seul, la vérité de chacun
se noue et prend des racines ... » (1)
Dans le charme majestueux du soir , bercée par la
mélodie qu'il jouait sur son violoncelle , sa voix murmura :
- Chaque jour de notre existence nous rend-il plus lucides ou bien
contribue-t-il à interposer entre nous et les choses des voiles
successifs ?...Comme la vitre dont parle Sartre : " transparente aux
choses et opaque aux significations "?
Mais nous nous habituons aux choses ... à toutes les choses .
Il se tut un instant comme pour amplifier le mouvement enchanteur de sa musique ... puis de sa voix mélodieuse , il dit :
- Cette halte et ce regard sur le chemin parcouru nous
offrent le spectacle émouvant des territoires lointains que nous
avons parcourus , jalonnés de toutes nos joies et de toutes nos peines
... un chemin que nous ne choisissons pas mais que nous devons
parcourir dignement , avec la perpétuelle confrontation entre notre
désir de savoir et le mutisme des choses ...
C'est lorsque nous aborderons le chemin lumineux qui mène au
sommet de la montagne que nous cueillerons le fruit mûr de notre
lent périple au terme duquel la plus mystérieuse des portes
s'entrouvrira et nous guidera de l'autre côté du rêve .
Petit compagnon , Tu apprécieras , je n'en doute pas , cette superbe pensée du poète :
« Nous les errants, toujours en quête de la route la plus solitaire, ne
commençons jamais le jour là où s'est terminé un autre jour ; et le
soleil levant ne nous trouve jamais là où le soleil couchant nous a
laissés. » (2)
Petit compagnon n'oublie jamais que :
" La seule chose en notre pouvoir, c'est de ne pas fausser la voix qui résonne en nous. " (3)
****************************************************************
(1) Adaptation d'un texte du Petit Prince de Saint-Exupéry
(2) Khalil Gibran
(3) Boris Pasternak
****************************************************************
|
|