Il
existe un être mystérieux qui réside en chacun de nous . Il erre depuis
notre paisible enfance sur des chemins escarpés en quête de
lumière . Du fond de la forêt insondable des illusions , sa silhouette
diaphane est en quête des aurores naissantes illuminant les
sentiers sinueux qui grimpent vers les cimes immaculées . Initialement
imperceptible , leur lueur devient le phare qui guide notre
fascinant périple .
Tour à tour enfouie dans la brume puis oubliée , puis perçue à nouveau
, souvent insaisissable , elle détermine implacablement notre route .
Heureux sont ceux que la nature ou le destin aident dans ce sublime voyage qui rend le présent immortel .
Nous sommes comme le tisserand dont parle Lamartine , qui travaille ,
en arrière de son métier à tisser , à la trame de sa vie et dont
il ne voit que l'enchevêtrement inextricable des fils noués à l'envers
... Heureux seront ceux qui auront la liberté et l'audace
de s'assigner la tâche d'aller voir de l'autre côté de la
toile pour contempler l'oeuvre de toute une existence .
Que de spectacles se révéleront alors ... Notre
indicible espoir est que nous puissions être de ceux qui
découvriront qu'ils n'ont pas faussé la voix qui résonne en eux .
En ces temps impitoyables et éprouvants , source de crainte et
d'injustice , l'individualisme inhumain inonde le Monde . Les
égoïsmes absurdes étouffent l'élégance et la noblesse du désir et du
devoir de solidarité .
Mais la silencieuse nécessité des choses ne se dévoile jamais
entièrement . Ses habits diversement colorés sont de puissants remparts
qui enveloppent le coeur de son inviolable forteresse . Parfois un
rayon de lumière furtif parvient à illuminer les méandres de son
parcours pour , aussitôt , la replonger dans son ombre perpétuellement
fidèle . Mais alors sommes-nous condamnés à ne voir les choses qu' à
travers la nuit et le brouillard ?
Écoutez cette voix sereine et pleine de significations de notre
ami Augustin d'Hippone . Du fond des siècles qui l'ont vue
naître ... la course imperturbable des années n'a
absolument pas altéré son sens qui sied totalement à notre difficile
époque :
« À force de tout voir , on finit par tout supporter ; à force de tout
supporter , on finit par tout tolérer ; à force de tout tolérer , on
finit par tout accepter : et à force de tout accepter , on finit par
tout approuver »
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