En musique le
passage d'une octave à l'octave
supérieure produit les impressions les plus harmonieuses . N'est-ce pas cela qui donne de la grandeur et de l'élégance à la musique dont parlait Platon (1) ?
Son
tempo modéré , ses
enchaînements harmoniques, son orchestration originale , ses
mélodies qui transmettent une douce mélancolie et génèrent une fougue irrésisitible , ses refrains puissants et ses périodes rythmiques éblouissantes sont
superbes .
Elle semble être animée d'une grande âme née pour élever sa flamme agile au-delà des clameurs balbutiantes . Telle une chrysalide , elle se mue en papillon émerveillé par les danses vertigineuses que lui prodiguent ses ailes diaphanes .
Ses tourbillons tourmentés se sont soudainement détournés du mirage des
illusions pour tisser et déployer les voiles impérieuses qui la
pousseront vers les rivages accueillants de son invincible destin .
Elle sera
dessinée par le peintre ou chantée par le poète comme un
mystérieux réveil ou une prodigieuse résurrection .
Que de fois j'ai évoqué des
heureuses rencontres de l'autre côté de la porte étroite qui mène
vers l'immensité éternelle .
Voici une de ces superbes rencontres :
Merleau-Ponty et Frida
Kahlo ... au bord du long chemin à l'ombre des peupliers majestueux noyés dans une mer de
fleurs voluptueuses d'où rayonnaient des myriades de couleurs et dont les parfums envoûtants procuraient une sensation de bonheur et de plénitude .
Des chants d'oiseaux joyeux provenaient des cimes frémissantes des arbres millénaires puis se perdaient dans les profondeurs lumineuses de la forêt parmi les branches chargées de feuilles dont le vert émeraude, l'ocre jaune et le vermillon brillaient de mille feux . Leur hymne semblait dévoiler les pulsations intimes des choses .
La clarté magique d'un astre mystérieux
projetait les ombres évanescentes des deux compagnons sur des tapis de
verdure .
Dans le calme apaisé et enchanteur qui enveloppait leur périple , la voix imposante mais infiniment rassurante de Merleau-Ponty murmurait :
-Essence et existence,
imaginaire et réel, visible et invisible, la peinture brouille toutes
nos catégories en déployant son univers onirique d’essences charnelles,
de ressemblances efficaces , de significations muettes.
Frida écoutait attentivement son respectable ami . Sa pensée raffinée exprimait la subtile noblesse du sens
qu'elle donnait à son existence :
-
J'aimerais que ma peinture et
moi-même nous soyons dignes des gens auxquels j'appartiens et des idées
qui me donnent de la force
... Et que mon œuvre contribue à la lutte pour la paix et la liberté .
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