La
même impatience tranquille accompagne le peintre depuis
que , le besoin de dessiner les mots , de peindre les pensées ,
la nécessité perpétuellement recommencée d'affronter la
toile blanche déterminent son chemin .
L'oeuvre sommeille dans les abysses d'une dimension qu'il lui est
difficile d'imaginer . Ses efforts seront de la faire émerger dans les
recoins de l'incommensurable labyrinthe des impressions ,
puis de supprimer lentement les voiles qui la cachent .
Le dessin , les touches des pinceaux et des brosses , le travail
des textures feront jaillir de l'opacité immaculée de la toile (ou
de la page blanche) les formes et les couleurs , qui habilleront
sa naissance .
Délivrée des chaînes qui la maintenaient dans le champ le plus
profond de la conscience , elle va mener une existence totalement
autonome .
Sa naissance sera une délivrance .
Puis, le travail terminé , le sentiment qu'un détail , une touche mal
placée , un je-ne-sais-quoi font que ... l'oeuvre semble
inachevée .
Il faudra reprendre le travail , aller de nouveau vers une autre toile (ou page) blanche .
D'oeuvre en oeuvre , au bout de cet implacable cheminement imposé par le destin , quel a été le travail du peintre ?
Que de fois , dans le silence religieux de l'atelier , il lui semblait
entendre la voix d'outre-tombe de Camus y répondre :
" On s'aperçoit qu'on a passé tout ce temps à s'assurer d'une seule
vérité , à exprimer une seule chose sous des visages différents "
.
Ecoutez bien...cette musique qui vient du violoncelle ... N'est-ce pas l'Adagio ...
l'Adagio d'Albinoni ?
https://www.youtube.com/watch?v=kn1gcjuhlhg
***************************************************************
|
|