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INTERVIEW 
LE JEUNE INDEPENDANT
El-Hadi Hamdikène

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LAYACHI HAMIDOUCHE, ARTISTE

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Le Chemin des clones

Peintre sensible et exigeant, Layachi Hamidouche est connu pour ses peintures futuristes où

l’imaginaire est roi. Dans cet entretien, il nous raconte sa passion pour l’art digital et son

univers peuplé de rêves et d’êtres improbables…

 

Le Jeune Indépendant : Vous peignez assidûment depuis plus de vingt ans, que vous a apporté la peinture ?


Layachi Hamidouche :
En premier lieu, merci de porter un intérêt à mon travail. En effet, je peins depuis 1969. Que m’a apporté la peinture ? (sourire). Je répondrai volontiers à cette question en citant un peintre célèbre : «La peinture est, moins que jamais, par ces temps désespérés, un métier, une distraction ou un vice. Moins encore, un service social. C’est une manière d’être, la tentation de respirer dans un monde irrespirable.» Je dirai que je peins par nécessité.

Le Jeune Indépendant : Vos oeuvres sont énigmatiques. Elles sont imprégnées de symbolisme et de mysticisme. Pourquoi ?

En d’autres termes, vous me demandez d’expliquer ma peinture ! Je pense qu’il ne faut pas attacher trop d’importance à ce que disent les peintres qui «expliquent» leurs oeuvres, car en essayant de traduire le langage propre à la peinture en paroles, ils dénaturent la communication qui s’établit entre l’oeuvre et celui qui la regarde. Le peintre donne naissance à une oeuvre qui, aussitôt, lui échappe et mène une existence totalement autonome. «L’art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu’à les exprimer», disait, si justement, Bergson.
Cette perception des choses que nous «impose» l’oeuvre d’art aboutit à l’élargissement du champ de notre conscience. C’est une sorte de reconstruction du réel et d’extension de notre perception. Les termes «énigmatique», «symboliste» et «mystique» sont des signes, des clés vers des dimensions autres que celle dans laquelle nous évoluons et qu’il nous est difficile de concevoir.

Le Jeune Indépendant : Quelle technique utilisez-vous pour réaliser vos toiles ?

Les premières oeuvres sont exécutées exclusivement à l’huile. Puis, progressivement, l’association des deux techniques, huile et acrylique, m’a permis de réaliser des effets que ne permet pas l’utilisation de l’une ou l’autre de ces deux techniques séparément. En incorporant des gels et des enduits à la pâte, il est possible d’obtenir des résultats remarquables. Mais ceci est simplement le côté technique du travail, qui ne peut en aucun cas compenser la véritable démarche créatrice qui ne peut être soumise à aucune recette ou mode d’emploi.

Le Jeune Indépendant :  Votre travail semble proche du mouvement surréaliste. Y a-t-il une influence de Magritte ou de Dali ?

Oui, probablement. L’apport des surréalistes à la peinture est loin d’être négligeable. Les oeuvres de Magritte, de Dali ou de Chirico ( Chirico de la période dite métaphysique) laissent rarement indifférent, que l’on soit fervent ou non de ce mouvement. En ce qui concerne mon travail, je pense qu’on doit y associer une touche de symbolisme et.... une relation , dans certains tableaux, au travail de Khadda. De même que certaines formes et courbes semblent avoir un rapport   évident avec la calligraphie arabe.

Le Jeune Indépendant :  Dans votre peinture, vous faites beaucoup appel à des référents mathématiques et géométriques ?

Le parcours professionnel y est, certainement, pour quelque chose. J’étais professeur de mathématiques pendant longtemps, mais cela n’explique pas tout. Le mystère de l’âme humaine est encore inaccessible à notre entendement. Et il est souvent facile de se tromper en parlant peinture.

Le Jeune Indépendant : Vos oeuvres portent des titres étranges comme Gravité absolue, Certitude binaire, les Clones ailés… Vous trouvez comment ces intitulés ?

Les titres sont attribués lorsque l’oeuvre est achevée. Cela se fait spontanément pour certaines oeuvres et c’est parfois le résultat d’une association d’éléments présents dans le tableau combinaisons ou d’arrangements de mots qui composent le titre. Dans tous les cas, le titre n’explique pas l’oeuvre.

Le Jeune Indépendant : La lumière est bien gérée : le jaune clair qui prédomine ainsi que le noir accentuent le mystère, ce qui nous renvoie dans un univers mi-fantastique, mi-sciencefiction… Partagez-vous cet avis ?

Le tableau ne vit que par celui qui le regarde. Je ne vous apprends rien en vous disant que si le peintre pouvait dire les choses avec des mots, il n’aurait pas besoin de faire des tableaux ! N’en déplaise à ceux qui croient aider le spectateur dans la lecture d’un tableau en lui proposant des commentaires, à mon modeste avis, totalement inutiles, voire nuisibles à la relation qui pourrait s’établir entre l’oeuvre et celui qui la regarde. Quelqu’un a dit : «Un tableau est comme un miroir, celui qui le regarde y découvre quelque chose de lui-même qu’il ignorait ?»

Le Jeune Indépendant : Votre peinture abonde de symboles comme le damier, le cube ou le pendule… Quelle interprétation donnez-vous à ces images ?

La peinture est un langage qui utilise des formes et des couleurs et non des mots. De ce fait, toute explication et toute interprétation éloigne de l’oeuvre. Le spectateur doit laisser sa sensibilité le guider dans la lecture de l’oeuvre.
En réalité, le peintre ne crée rien : il enlève les voiles qui cachent des fragments de vérité. Une oeuvre authentique nous rapproche d’un état qui amplifie la perception des choses et élargit le champ de la conscience sans que ne soit nécessaire une explication ou un commentaire.

Le Jeune Indépendant :   Conjointement à vos travaux de peinture sur toile, vous peignez aujourd’hui beaucoup en numérique. Parlez-nous de cette nouvelle expérience…

Une oeuvre numérique (ou digitale) est une oeuvre exécutée sur ordinateur. Les arts numériques sont probablement une nouvelle forme d’art qui occupera de plus en plus de place dans le domaine de la création artistique.
Ben Laposky (Etats-Unis, 1914-2000, mathématicien et artiste) est parmi les pionniers de l’art électronique qui a précédé l’apparition de l’art numérique en 1956. Ses compositions ont été créées par les formes électriques de vagues produites sur un oscilloscope à rayons cathodiques.
L’incursion de l’infographie dans le domaine de la création artistique a eu lieu pour la première fois en 1960, en Allemagne. Les repères importants de cette période novatrice sont : les expérimentations d’un groupe de peintres sur la peinture numérique, puis la série de portraits exécutés par Andy Warhol et enfin, la venue de Photoshop.
Evidemment, ces premiers pas de l’art digital suscitèrent beaucoup de réticences et de remarques ironiques. Certains considéraient que l’art numérique relevait beaucoup plus du domaine de la science que celui de l’art, mais le fait d’avoir constaté que les oeuvres des artistes «numériques» étaient imprégnées d’une certaine spiritualité a fini par mettre en évidence leur appartenance au domaine de l’art.
Les précurseurs de cet art entre 1950 et 1983 sont en majorité, américains, allemands, anglais, français, japonais et brésiliens. Les formes obtenues par cette nouvelle expérimentation avaient une beauté esthétique indéniable, mais ne constituaient pas à elles seules une oeuvre d’art. Cependant, elles pouvaient être des éléments constitutifs à l’élaboration d’une oeuvre d’art.
Dans l’excellente étude faite par le Dr Mike King, dont sont inspirées toutes les informations que je vous livre ici, il est intéressant de noter cette remarque de l’un des précurseurs de l’art digital : «J’utilise un logiciel qui me permet de produire des tableaux qui ont une ressemblance étrange avec mes travaux faits à la main, il y a plus de 20 ans.» De tout temps, les peintres ont eu recours à des assistants. Considérons, donc, l’ordinateur comme un assistant !

Le Jeune Indépendant : Vous exposez vos oeuvres sur le Net depuis quelques années, où vous disposez de plusieurs galeries virtuelles. Cette nouvelle approche de l’art a-t-elle changé votre manière de travailler ?

Non ! Mais cela permet au peintre de présenter son travail à un public très Large, sur tous les continents. En Algérie, la galerie virtuelle Founoune permet aux peintres algériens de montrer leurs oeuvres sur le Net.

Le Jeune Indépendant :  Les galeries virtuelles remplaceront-elles un jour les lieux d’exposition traditionnels ?

Peu probable !!! Le contact direct du spectateur avec l’oeuvre est irremplaçable.

Entretien réalisé par El-Hadi Hamdikène
LE JEUNE INDEPENDANT
Lundi 12 janvier 2009

Sites Web : http://layachi-hamidouche.net

Sur ArtsCad : http://artscad.com/A.nsf/P/LayachiHamidouche

Diaporama : http://ArtsCad.com/Visual/LayachiHamidouche

Sur You Tube : http:/youtube.com/watch?v=b3e7DSbep3w

Sur Second Life : Layachi Ihnen

Accès direct (Après inscription) :http://slurl.com/secondlife/Music/135/200/36

Photo d’illustration :

Oeuvre numérique, le Chemin des clones 2004.

Copyright : Layachi Hamidouche.